Goodbye

« On sera toujours ensemble, n’est ce pas ?
- Bien-sûr je te le promets »
Nous étions jeunes, tellement naïfs. Nous avons passés notre vie ensemble, tout fait, tout découvert, grandis, évolué main dans la main.

« Tu te souviens de l’époque où on attendait pour faire nos débuts ? On s’était fait une promesse.
- Comment oublier, on s'était promis d'être toujours ensemble.
- Alors respectons la, restons à jamais ensemble. Épouse-moi, deviens ma femme et demeure pour toujours à mes cotés. »
Notre amour est éternelle, notre serment inviolable, nos souvenirs inoubliables.


« Quoi qu’il arrive tu ne m’oublieras pas hein !
- T’oublier ? Impossible ! »
J’ai toujours tenu les promesses que je t’ai faites. Je ne t’ai pas oublié si bien que lorsque je ferme les yeux j’ai l’impression que tu es encore là avec moi. Je t’aime.

« […] Et une autre bien triste nouvelle : la chanteuse Kim Hyo Hi a annoncé officiellement qu’elle mettait fin à sa carrière. La diva coréenne qui rentrait de sa tournée européenne a annulé son UStour qui devait commencer dans quelques mois. Kim Hyo Hi n’a pas donné plus de détailles sur son soudain arrêt. La semaine prochaine doit avoir lieu la première du documentaire retraçant la carrière d’une des plus grandes chanteuse coréenne qui aura conquis le monde entier avec sa voix. Malheureusement elle n’assistera pas à la diffusion et compte se retirer de la scène et du monde de la musique… »
Je ne suis plus rien, le monde, mon monde s’est arrêté, tout s’est figé depuis ton départ. Tout part en lambeau autour de moi. Je ne suis plus qu’une ex chanteuse névrosée accro aux antis dépresseurs et à la nicotine. Je voudrais disparaitre, je dois fuir cette ville qui nous à vu naître. Elle m’oppresse, me rappelle trop de souvenirs.

Aujourd’hui j’ai eu 30 ans, mon amour j’ai passé la soirée à boire pour oublier. Oublier que toi aussi tu devrais avoir 32 ans, que c’est notre anniversaire. J’ai bien changée : j’ai les traits tirés, les cheveux en pagailles et une tête de déterrée. Je vieilli s’est indéniable, j’ai perdu ma jeunesse, mon éclat. Alors que toi tu restes le même : tu as toujours la vingtaine, tu n’as pas pris une ride à l’abri sous ce cadre.
Il est cinq heures du matin, j’ai dessoûlée mais n’arrive toujours pas à dormir. Je suis devenue insomniaque depuis ton départ. Paumée, triste, désespérée et vieille j’étouffe dans mon immense villa. J’attrape un châle que je passe autour de mes épaules et sors. Les nuits de Mai sont fraiches, je frissonne attaquée par une brise glaciale mais continue d’avancer. J’habite en pleine campagne à la lisière d’une forêt. Il y a un chemin de randonné qui monte au sommet d’une colline. Arrivée en haut je surplombe la vallée. Dans la pâle lueur de l’aube j’aperçois les lumières d’une ville brillants au loin. Elle n’est rien, non rien comparée à Séoul qui brille de mille feux.
Mes yeux sont embués par mes larmes naissantes. Plus je pense à notre ville plus je me sens nostalgique. J’ai soudainement, inexplicablement envie d’y retourner. Je fais demi tour en courant, arrivée chez moi je troque mon châle contre un blouson en cuire noir, balance pelle mêle des affaires dans une valise et te met ou plutôt met ta photo à l’abri dans mon sac à main. Machinalement mais à la hâte je ferme ma villa, met mon unique bagage dans le coffre de la voiture, enclenche le contact et pars. J’ai roulé pendant plusieurs heures la tête vide sans penser quoi faire une fois sur place, sans réfléchir à ce que je fais vraiment. J’arrive à Séoul dans la matinée, une fois coincée dans les embouteillages j’ai l’impression de me réveiller d’un long sommeil. Je cligne des yeux avec étonnement, mais qu’est ce que je fous là ? Hé ho Kim Hyo Hi, on se réveil tu es en plein Séoul le jour de t’es 30 ans ! Tu ne réfléchis donc jamais avant d’agir ?
C’est tout moi ça, agir et réfléchir après aux conséquences de mes actes. Tu disais que c’était mignon, que c’était ce qui faisait mon charme, enfin ça allait quand j’avais encore la vingtaine. Maintenant que j’ai trente ans je ne peux plus agir comme une enfant.
Je gare mon véhicule dans le parking le plus proche et part faire un tour à pied. La ville semble bien différente seulement les rues sont les mêmes qu’avant. En quatre ans je n’ai rien oublié, je suis encore capable de me diriger dans Séoul sans m’y perdre. C’est comme si je n’étais partie que quelques semaines, si bien qu’à chaque coin de rue, à chaque croisement j’ai la terrible impression que je vais tomber sur toi. Mais c’est impossible, tu es partit depuis bien trop longtemps pour te retrouver à Séoul aujourd’hui. Où es tu mon amour ?
Je contemple cette ville qui m’aura manquée finalement. Séoul restera à jamais ma ville et la tienne, celle où nous sommes nés, où nous avons habités et où nous nous sommes aimés. Cette ville était notre domaine, un terrain pour nos jeux. Dis moi mon aimé, considères tu encore Séoul comme étant tienne ? J’aimerais comprendre pourquoi tu la lâchement fuis.
Une odeur alléchante attire mon attention, me coupant ainsi dans mes pensées: une échoppe de rue. Tu m’achetais souvent à manger dans ce genre de stand. Quand j’y réfléchis, je n’ai rien avalé depuis hier et maintenant mon estomac cri famine. Ni une ni deux je m’empresse d’acheter de quoi combler le vide laissé par la faim dans mon ventre. Une fois mes victuailles en main je vais m’installer dans le parc près de la rivière Han où nous allons tous les deux depuis l’enfance. Je mange tranquillement observant la surface argentée de l’eau, c’est tellement beau… je nous revois jouer à tout âge sur les rives de la rivière. Pourquoi tout a changé ? Pourquoi es tu partis ? Pourquoi dois je me retrouver seule en ce lieu si lourd de sens et souvenirs ?
C’est avec impulsion que je me redresse du banc sur lequel j’étais assise et me met presque à courir pour chercher notre arbre. Il ne s’agit pas d’un de ces vulgaires arbres où nous aurions pu graver nos noms, au contraire nous n’avons jamais abimé son tronc. Lui non plus n’a pas vraiment changé toujours cette prestance et sa ramure protège toujours aussi bien du soleil. C’est surement le plus bel arbre du parc et peut être même de la ville. En passant la paume de ma main sur le tronc noueux une multitude de souvenirs de toi, de moi, de nous m’assaillissent. Depuis que nous sommes enfants nous venons ici pour sceller nos promesses. Cet arbre, son feuillage, ses branches, sont les plus anciens témoins et symboles de notre amour.

- Kim Hyo Hi ? c’est bien vous ?

Je me retourne vers mon interlocuteur. C’est un jeune homme qui doit avoir vingt-cinq ans, à peu près, il est immense et a un visage enfantin, je dirais même malicieux. Il est, pourtant, très séduisant dans un costume noir, chemise blanche et cravate, mais pas autant que toi mon cœur.

- Qui êtes-vous ?
- Vous ne me reconnaissez pas ? Je suis Choi Jun Hong. Certains des hyung de mon groupe étaient des amis de Le…

Je sais qu’il va dire ton nom mais je ne veux pas l’entendre, je ne le peux plus. J’ai moi-même arrêté de le prononcer, même dans mes rêves.

- STOP ! Ne prononce pas son nom.

Il me regarde ahuri, j’ai l’air pathétique à ne plus pouvoir ouïr ton nom après quatre mais peu importe.

- Pardon je ne voulais pas vous blesser.

Il doit me prendre pour une vieille folle mentalement instable. Cela tombe à point car c’est ce que je suis.

- Je ne vois pas qui tu es, laisses moi maintenant.
- Mais si enfin, Zelo le maknae du groupe B.A.P. Vous aviez fait un duo avec DaeHyun et vous vous étiez amis avec HimChan. Vous vous êtes moquée de moi à notre première rencontre à cause de mes cheveux teints en rose.

Mais c’est bien sûr, Jun Hong et ses cheveux roses. Il était adorable à l’époque et me suivait partout en m’appelant noona avec sa petite bouille trop mignonne. Te souviens-tu ? Je disais que si nous avions des enfants je voulais un fils avec un visage aussi mignon que le sien. J’avais aussi proposé qu’on l’adopte. Mais peu m’importe je ne veux pas lui parler plus longtemps, il me rappelle trop de souvenirs douloureux. Comme ces enfants que nous n’aurons jamais, mais où te caches-tu ?

- Oui je me souviens mais j’ai des choses à faire, je vais y aller. Salut.

Je fais demi-tour pour rejoindre le chemin en terre battue. A peine me suis-je mêlée aux passants qu’une jeune femme, la vingtaine, se retourne vers moi un grand sourire aux lèvres.

- Mais vous êtes Kim Hyo Hi ! Je croyais que vous n’habitiez plus à Séoul. Je suis une de vos plus grandes fans ! Je peux avoir un autographe ?

Elle parle trop fort, les badauds sont alertés par ses exclamations et commencent à s’agglutiner autour de moi. Tout le monde veut voir l’ancienne chanteuse. Quelle conne ! Ça marche pour elle comme pour moi. Comment ais je pu croire que je passerais incognito en plein Séoul ?! A vingt-six ans on me considérait, encore, comme l’une des meilleures chanteuses coréennes. Même après quatre ans on n’oublie pas facilement une célébrité, je devrais le savoir.
Prise au dépourvu je reste immobile les yeux écarquillés, balbutiant comme une idiote. C’est alors qu’une main se pose sur le haut de mon crâne et une autre sur mon épaule.

- Je suis désolé mais la super star doit vous quitter.

C’est Jun Hong qui m’entraine par le bras à travers les rues à peine a-t-il fini sa phrase. Une fois que nous sommes loin de toute cette agitation, je lâche sa main contrariée et lui dit sèchement :

- C’est bon maintenant, tu peux y aller.
- Où allez-vous passer la nuit ? je suis prêt à parier que vous n’avez plus aucun numéros de vos amis ici sauf peut être celui d’Heechul mais il est aux Etats-Unis pour deux mois. Venez chez moi.
- Quoi ?! ça va pas la tête ? Proposer à une femme plus âgée de passer la nuit chez toi, tu n’as pas honte ? ça ne plairait pas à ta petite amie !
- Si ce n’est que ça, je n’en ai pas.

Depuis quand a t-il autant de répondant ? Il n’est plus aussi mignon qu’à l’époque. Je reste pantoise, lui pas de petite amie ? Il est pourtant très beau avec un léger air de play boy, jeune, célèbre et vu ses vêtements, riche. Tout le monde sait qu’avec ça impossible d’être seule. Sauf moi, mais ce n’est pas pareil : si je ne peux pas être avec toi alors je préfère rester seule. C’est un choix que j’ai fait il y a quatre ans et je ne pense pas changer d’avis de si tôt.

- Adjugé vendu ! venez.

Il m’empoigne à nouveau par le bras et me tire jusqu’à son appartement, j’ai l’impression de n’être qu’un paquet pour lui avec ce qu’il s’est passé tout à l’heure et maintenant. Son appartement me fait penser à celui que nous partagions avant que tu ne partes. Il est immense, très design, luxueux mais sobre, sans oublier la grande terrasse donnant une large vue sur la ville.
Contrariée et en silence je m’assoie sur le canapé en cuir noir.

- Et je fais comment pour mes affaires ? je dors toute habillée et je garde ces mêmes vêtements le lendemain ? lui dis-je sarcastique.
- Dites moi où elles sont, j’irais vous les chercher.
- Dans le coffre de ma voiture dans un parking. Je peux très bien m’en occuper moi même.
- Pour que vous vous enfuyez, hors de question ! donnez moi vos clés je vais y aller.
Tu y crois mon amour ? Je pensais que tu étais le seul qui me perçais à jour aussi facilement. Personne, en général, ne s’imaginait que j’étais quelqu’un d’aussi fourbe. Mais ce gamin avait tout compris. Sale gosse !
- C’est décidé !

Jun Hong attrape mon sac à main et y prend mes clés de voiture. Je n’y crois pas, quel garçon sans gêne. Fouiller délibérément dans le sac d’une dame. Il n’était pourtant pas comme ça quand il était encore qu’un adolescent. C’est définitif je hais cet enfant, il obtient tout de moi en trois battements de cil et agit comme bon lui semble. Me voila seule chez cet idiot qui est partit chercher ma valise car je lui ai indiqué où se trouve ma voiture. Quelle idiote. Ce gamin me le payera !
En cherchant mes clés, Jun Hong a vidé une partie de mon sac sur le canapé dont ta photo mon amour. Je prends le cadre et passe ma main sur la vitre. Je donnerais n’importe quoi pour pouvoir toucher une dernière fois ton visage, effleurer ta peau, sentir ta chaleur, humer ton odeur. Tu me manque plus que tout au monde et jamais je ne t’oublierais. Tu es le seul homme que j’ai jamais aimé, nous sortons ensemble depuis que j’ai neuf ans et depuis je t’aime toujours autant, si ce n’est plus. Je suis faible d’esprit et naïve mais tu ne m’as jamais dis que tu voulais rompre alors je me considère encore comme ta copine. Ça je ne le dis qu’à toi car les autre me prendraient pour plus folle que je ne le suis déjà. Je sers fort le cadre contre moi. Je ne vois plus que toi, les yeux fermés assise sur le sofa je sens ta présence. Si j’ouvre les yeux le rêve se terminera et tu prendras la fuite à nouveau, jusqu’à la prochaine fois. Je sais que si je ne garde pas mes paupières closes l’illusion prendra fin, je serais à nouveau seule, j’aurais une nouvelle fois tout perdu. Je tends le bras essayant de t’atteindre, de te toucher.

- Me voila !

Surprise j’ouvre les yeux en même temps que je fais un bond. Devant il n’y a que du vide et le grand écran plasma de Jun Hong. Sans toi je ne suis rien, et tu viens de t’évanouir dans la nature encore une fois. Ce gamin fait tout pour me mettre en colère mais je n’en ai pas la force. Je reste interdite le cadre serré contre moi et la main que je tendais à l’instant, posée sur mes genoux. Je me sens abominablement seule. Je n’aurais pas du revenir ici à Séoul mais j’aurais du rester dans ma campagne, dans ma villa solitaire au milieu des arbres. Je ne supporte plus la compagnie des autres, leur présence me heurte, me blesse, me pourrie. Je ne sais plus comment faire avec les gens après quatre en quasi autarcie à vivre tel un ermite.
Je tremble comme une feuille sur le canapé en cuir noir, je regarde partout autour de moi : je te cherche mon aimé. Il y a moins d’une minute tu étais prêt de moi j’en mettrais ma main à couper mais voila que tu as disparu, partit en fumée. A cause de lui, de ce sale gamin de Jun Hong. Je le fixe l’œil noir, si je pouvais je le transpercerais du regard. S’il y a un instant j’étais complètement paumée, maintenant je fulmine, je me consume de rage envers lui. Une idée me vient à l’esprit : si c’est sa présence qui t’as fait fuir, alors si je le fais disparaitre tu me reviendras. Je me lève mécaniquement en le fixant avec insistance. Plus je m’approche de lui, plus Jun Hong semble inquiet. Je tends mes bras vers son visage mais il a un mouvement de recul. J’empoigne, alors, son coup si violemment que nous tombons au sol. A califourchon sur ce pourri, je ne lâche pas prise. Il semble surpris mais ne réagit pas, c’est bien : il accepte sa punition.

- Qu’est je fais de mal ?

Sa voix est abominablement douce et ses yeux emplis d’une effroyable tendresse.

- C’est de ta faute ! Il… il est partit parce que tu es arrivé ! Si tu n’étais pas là, LUI le serait ! Tu dois disparaitre pour qu'il revienne.
- Mais qui ?

Je ne bouge plus, mes larmes coulent toutes seules. Qui ? Mais toi enfin mon amour, toi que j’aime depuis le début et pour toujours, toi… En fait je n’arrive plus à prononcer ton nom, cela fait trop longtemps que je ne l’ai plus fait ni entendu.
Mais qu’est ce que je fais ? Ça y est, c’est arrivé : je souffre de démence. Je ne comprends plus pourquoi je sers le coup de Jun Hong. Je pleure de plus belle en retirant mes mains tremblotantes de son corps. Je fixe ces mains qui auraient pu finir tâchées de sang.

- Je suis devenue folle, je suis complètement folle.

Je suis terrorisée à l’idée de l’être réellement, comment en suis-je arrivée là ? C’est là que je comprends. Je comprends que j’ai perdu la raison depuis quatre ans, depuis que je te parle comme je le fais tous les jours. C’est une évidence je suis folle à lier et ce depuis bel lurette. Cette révélation soudaine m’amuse, je ris à gorge déployée le visage creusé par la fatigue et la folie, les yeux gonflés par mes pleures et les cheveux en pagailles. Je suis folle et je t’adore.